lundi 26 janvier 2009

La liberté

J’y ai vraiment goûté lorsque j’ai entamée la vie d’artisan.
C’est lorsque, après 6 mois en Bolivie, j’ai pris la route pour le Brésil.
Pas de tunes en poches, beaucoup d’appréhensions, ne sachant pas un mot de portugais. Mais j’y ai cru en ma bonne étoile, celle qui me suit depuis un petit bout de temps, qui ne me lâche pas.
Et plus que jamais elle a été présente.

J'ai pris la route et je crois que c’est là que j’ai vraiment commencé à vivre.
J’ai ainsi vadrouillé 6 mois au Brésil, puis en Argentine, encore 6 mois. Cette liberté, aller où on veut, quand on veut. Être libre, pas d’horaires, pas d’obligation. Faire parti de cette grande famille de voyageurs, ceux que les gens observent chargés de pierres de toutes les couleurs, de fossiles, de dents d’animaux de là-bas, de plumes exotiques, chargés d’histoires venus d’autres pays, d’autres continents. Ceux que les gens observent parfois méfiants, intrigués par ces vêtements étranges, au fond d’eux envieux de cette liberté, cette simple joie d’être, sans soucie du lendemain.
Quelques fois la faim, quelques fois les mauvaises paroles. Mais qu’importe, ne vaut-il mieux pas être libre ?
Milles souvenirs !…
La chaleur, l’air insupportablement chaud de Porto Velo au Brésil, ses milles couleurs, le campement atypique en ville au bord du rio Madera, des morceaux de bœuf et des poissons grillés, des tonnes et des tonnes de pluie, et des troncs d’arbres centenaires emportés par la force de l’eau. Le rio Madera…
Et le froid… Le froid de l’argentine. Je me souviens des petits matins brumeux, de la hierba matte…
quelles sensations étranges peut-on garder en nous à chaque époque.
On seront alors les gens que j’ai croisé sur ma route ? Ceux que je ne reverrais peut-être jamais, ceux que je recroiserais par hasard au détour du chemin, ceux que je reverrais, pour qui je ferais des détours pour passer par leur maison, qui seront toujours sur mon chemin…
Et puis je continue, je goutte un peu plus à la liberté. J’apprends le jonglage. L’Art, les Arts, moyen de communication universel. A chaque feu rouge l’appréhension. La peur du regard. Puis on se lance .
Alors on transmet un peu de cette énergie, on émerveille les petits, on arrive même parfois à décrocher un sourire aux plus tristes, les emmenant quelques instants loin de leur "montagne de problèmes". Alors parfois c'est l’alchimie, et cette énergie est rétribuée par le publique en argent. Mais des fois le publique est dure, rien à faire, il ne reçoit pas l’Art transmit, et dans un regard dédaigneux remonte sa vitre. Alors on perd un peu espoir, des fois même on entend de tels choses qu’on se retrouve en quelques mots vidé de toute énergie. Mais on repart, on recommence. Et on retrouve la joie devant le regard brillant d’un enfant qui s’émerveille, d’une petite fille qui secoue la main, du petit garçon nettoyeur de vitre qui rêve un instant à un autre monde, une autre vie. Peut-être aura-t-il pris égout au jonglage ? Peut-être dans quelques années prendra-t-il à son tour la route avec un petit balluchon ? Qui sait comment sera la vie ? Tellement d’enfants à qui j’aurais souhaité pouvoir enseigner un peu de cet Art, leur donner un peu de cette liberté, liberté d’être maître de son existence.

Et je continue ma route, saltimbanque de la Terre. Ayant pour mission transmettre cette énergie, dispenser ce feu universelle.
Briller inconditionnellement sur tous les êtres, telle est la mission du soleil.

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